PATRICK
HAMM
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ILLUSTRATEUR
- ÉDITEUR - COLLECTIONNEUR
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ARTICLE
DE CHRISTIAN LEJEAL
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On ne présente plus Patrick Hamm. Il est familier à tous les collectionneurs de CPM et la plupart d'entre eux connaissent ses cartes. Son style est aisément reconnaissable : " naïf pour certains ", " progressiste " pour d'autres. Il ne s'agit là que d'une évolution vers un mieux, c'est à dire en progrès, car l'artiste a réussi à s'imposer dans le milieu des collectionneurs par la beauté de ses cartes postales et par son style. S'il est controversé parfois, n'est ce pas l'envers d'un succès soutenu et sans partage ? |
Dans
le Neudin 1991, " Les illustrateurs ", Gérard Neudin conclu son article
sur Patrick Hamm en le disant " le meilleur chantre du monde cartophile
". C'est assurément excessif car ce monde est davantage un chœur, même
si la partition comporte quelques solos.
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En
1979, à 19 ans, il réalise sa carte personnelle : c'est la n°1 de sa
cartoliste, une des pièces mythiques dans la cartophilie contemporaine.
A Gérard Rouhault (secrétaire du Club Cartobulle 28) qui lui demandait
: " Lorsque vous avez réalisé votre première CP, vous souvenez-vous
de votre état d'esprit du moment ? ", Patrick Hamm répondit : " Je me
sentais en parfaite harmonie avec moi-même. J'avais un esprit créatif
et je voulais réussir à m'introduire dans le monde de la cartophilie
française ". Ainsi l'intention était annoncée et le geste réfléchi.
Il ne lui restait plus qu'à persévérer pour atteindre son but.
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Collectionneur
aussi, il est le secrétaire de l'A.A.C.C.P. (Association Alsacienne
des Collectionneurs de Cartes Postales), organisatrice de la célèbre
Foire alsacienne de la carte postale à Pfaffenhoffen (Bas-Rhin) où il
se fait connaître par ses premières cartes de salons. En 1980 et 1981
il dessinera une vingtaine de cartes dont la renommée ne franchit pas
encore sa province. 1983 voit son essor, et 1984 c'est l'apothéose.
Dès lors très sollicité, sa production sera très féconde. La revue Cartes
Postales et Collections (CPC Herblay) le fait découvrir au plus grand
nombre des collectionneurs, comme d'ailleurs bien d'autres artistes,
avant et après lui.
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Son
imagination est marquée par l'Alsace et reste très régionaliste. L'influence
du célèbre dessinateur Hansi (1893-1951) dont il s'inspire, le style
est manifeste, mais c'est là davantage l'empreinte de sa culture et
de l'amour pour sa région dont il est imprégné qu'une limite de ses
possibilités artistiques. Mais cette ligne directrice qui fut longtemps
la sienne s'est estompée ; désormais il y fait de candeur poétique et
d'application d'autodidacte. Le dessin " arrondi " a parfois un air
rétro, l'ajout de l'or et de l'argent enlumine les cartes, devenant
sa signature. Il se réclame d'une constante évolution graphique.
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Au
cours de 20 années de créativité il a réalisé 650 cartes qui continuent
à plaire. Il a son public fidèle et son succès ne se dément pas. Peut-être
y eut-il un engouement exagéré à l'époque à l'époque où il était quasiment
devenu une mode, peut-être aussi un placement assuré, mais aujourd'hui
nous sommes revenus à une réalité sans masque. N'évacuons pas la valeur
de ses cartes qui ont une base : un tirage limité et une demande soutenue.
Celle de ses cartes antérieures reste grande et l'offre très réduite,
d'où des prix élevés, parfois sans discernement, par rapport aux prix
habituels de la carte postale moderne. Mais rendons cette justice à
Patrick Hamm, de telles pratiques ne sont pas de son fait mais bien
celui des collectionneurs eux-mêmes.
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La
carte ancienne fut sa référence première et pendant quelques temps il
adopte le format, comme la plupart des illustrateurs alsaciens, et d'autres,
qui ne considèrent pas encore la carte postale moderne de collection
comme une entité mais toujours dans l'ombre de la carte postale ancienne.
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Patrick
Hamm collectionne les illustrateurs contemporains avec, à cette époque,
une prédilection naturelle pour les Alsaciens. Qui pourrait s'en étonner
puisqu'il y a là une pépinière d'artistes créateurs très florissante
! Peu à peu les signatures de sa collection témoignent de son éclectisme
allant jusqu'à une extension européenne de ses choix. Toute la CPM illustrée
l'intéresse, autant par curiosité artistique que pour son plaisir de
la collection.
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Comme
la plupart de ses collèges ses réalisations sont pour des cercles cartophiles,
des cartes personnelles de collectionneurs, des manifestations ou des
évènements culturels, des cartes publicitaires, etc. Il ne crée pas
seulement des cartes, il dessine aussi des affiches, menus, ex-libris,
étiquettes de vins, mai aussi des motifs de vaisselle et même des terrines
de foie gras, etc. Il a aussi répondu à la mode éphémère des pin's par
quelques créations.
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Par
ses cartes il nous fait participer à certaines étapes de sa vie familiale
: son mariage, la naissance de son fils Lucien en 1990, devenu Lulu,
et composante de nouvelles cartes pour ses anniversaires.
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Écrivain
et documentaliste, son premier ouvrage date de 1983 " Strasbourg au
début du siècle ", auquel succèdent de nombreux autres livres dont le
plus rare " L'art nouveau en Alsace à travers la carte postale ", et
le fameux ouvrage de référence automobile " Mathis, prince de l'automobile,
Strasbourg ". Un de ses derniers ouvrages est une somme de l'œuvre cartophile
de Tomy Ungerer. Ses efforts seront récompensés au Trophée de la Carte
d'Or, à Nantes en 1992 par le prix des Éditeurs de cartes postales,
la carte d'argent.
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Il
est et reste un jeune homme généreux, plein d'élan, enthousiaste, heureux
et fier de son travail, optimiste et résolument tourné vers l'avenir
de la carte postale illustrée bien qu'elle soit dite en crise depuis
quelques années. Réalité ? Je crois plutôt que la crise se situe parmi
les collectionneurs de CPM dont le nombre reste limité et qui ne manifeste
pas un intérêt particulier pour ce mode d'expression. Si l'euphorie
des années 80 avec le trop plein et l'inconséquence de certaines créations,
soutenues par quelques marabouts peu scrupuleux, n'incitait pas à la
réflexion, il en est autrement aujourd'hui. Pénible mais sain réveil
qui permet d'évaluer la réalité et de s'interroger. La carte contemporaine,
reste un plaisir pour le collectionneur et pour ses créateurs, ne peut
être qu'un appoint.
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Christian
LEJEAL (membre du Cercle Cartophile Bordelais)
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